La visite

Le travail ne manquait pas au domaine, l'absence de Johan était lourde, heureusement il revenait demain. La missive qu'il lui avait fait parvenir en détenait la promesse. Dom sourit à la pensée que demain elle serait dans ses bras. Elle voulait finir le dossier pour cette demande de prêt avant la nuit, quand le bruit d'un cheval dans la cour attira son attention.

Qui peut bien venir ? je n'attend personne.

La curiosité était à son comble, elle alla ouvrir la fenêtre et se pencha pour voir qui pouvait bien lui rendre visite. Elle ne reconnu pas l'étranger qui avait fort belle allure, Loïc irait l'accueillir. Il l'accompagnera jusqu'ici s'il avait besoin. Elle se pencha à nouveau sur son dossier, mais se demandait bien qui pouvait être cet homme et ce qu'il voulait

Un peu de patience, je le saurai dans quelques minutes

L'homme qui venait de recevoir Ascagne le mena à travers les vastes couloirs aux sempiternels murs blancs, ornés d'armoiries, de blasons brodés, d'autres peints sur bois. Ascagne suivait l'homme sans mot dire. Ce dernier s'arrêta devant une porte.

Voilà le bureau de ma Dame. Je la préviens au nom de ... ?

Ascagne était perdu dans ses pensées.

Ah, oui... euh... annoncez-moi au nom d'Ascagne de Lombardie, simplement. Je ne vais pas continuer dans les titres, cela en deviendrait lassant, dit-il tout en esquissant un petit sourire.

Merci Loïc et entrez donc Messire comme votre visite me fait plaisir. Pardonnez le fouillis que j'offre à votre vue, mais en ce moment j'avoue que je me laisse aller à trop de travail et non au rangement.

Dom prit quelques dossiers éparpillés sur son bureau, remis un peu d'ordre et tout en montrant le fauteuil à son visiteur pour qu'il s'y repose, s'assit à son tour.

Il m'est toujours très agréable d'avoir de la visite, mais la votre l'est d'autant plus que vous êtes l'ami de bruce et Cyber. Avez-vous facilement trouvé le chemin ? Nos amis en commun ne demeure guère loin de nous, quelques avantages pour nous voir. J'espère que mon époux aura la bonne idée de venir me voir, qu'il puisse faire votre connaissance. Désirez vous quelques boissons désaltérantes ?

Salut à vous, Dame Dom. Moi aussi, je suis heureux de vous revoir.

C'est vrai que nous ne nous sommes pas beaucoup vu ces temps-ci. Il faut dire que je ne suis pas un habitué des tavernes. Bien que je ne prenne pas en répugnance ces lieux ô combien conviviaux mais je ne suis pas homme à me mêler à la foule par plaisir et par amour de la bière (bien que l’alcool ne soit pas pour moi chose interdite).[/size]



Voyant Dom ranger ses quelques paperasses hâtivement, il l’arrêta.



Oh mais ne vous méprenez pas pour une simple bagatelle ! Ce n’est pas beaucoup mieux chez moi. Quant au voyage, j’ai suivi les indications de Bruce. Brego, mon cheval, a apprécié la balade. Et quant à un petit rafraîchissement, ce n’est pas de refus.



Ascagne s'installe confortablement dans le fauteuil sans toutes fois s'avachir.



Mon dieu ! s’écria Ascagne. J’allais oublier. Je ne suis pas venu les mains vides.



Ascagne sortit une petite boîte de forme allongée qu’il ouvrit devant Dom.



Ceci est un modeste présent que j’ai fait venir du sud de l’Italie. Un ami à moi en fait de nombreuses pièces toutes différentes.



Sur un coussin pourpre, reposait un coupe-papier de forte belle facture. Son manche était orné de fines gravures et d’inscriptions.



J’ai pensé que cela vous ferait plaisir et dans votre bureau il ira à merveille.

Quel bonheur de te voir mon amour, voici Messire Ascagne un ami fidèle de Bruce. Il nous fait l'honneur de venir nous rendre visite. Et regarde le présent qu'il vient de m'offrir, une merveille ce coupe papier de beauté et de finesse. Merci pour votre délicieuse attention.

Dom ouvrit une porte d'un joli meuble et en sortit un flacon de vin de champagne, de l'hypocras, boisson favorite de Johan. Prit trois verres et en offrit à chacun.

Buvons à notre nouvelle amitié

Et bien dans ce cas, Johan ! Mais sachant que je vous appelle par votre prénom, faites de même pour moi.

Et vous vous plaisez bien tous les deux, ici, à Montargis ?

Une tel investissement ne doit pas être de tous repos. Mais en contrepartie, il vous en retourne une certaine satisfaction, si je puis dire ainsi, du travail que vous avez accompli.

J'ai moi-même été élu au Grand Conseil de Milan. Mais ma carrière n'a pas tourné comme je l'espérais et certaines idées ne sont pas toujours approuvées par l'ensemble des représentants. Enfin, je ne vous explique pas, dit-il le sourire aux lèvres.

Je me suis retiré et ai continué à entretenir mon domaine à Stresa, magnifique ville au bord d'un Lac. Et puis je suis arrivé à Montargis et réside depuis chez Bruce, ami de longue date.

Comptez-vous vous installer à Montargis messire ? La vie y est calme. Quelques uns de nos habitants sont partis pour la guerre et sans doute devront les rejoindre.

Dom regarda Johan, d'un air interrogatif et son regard s'assombrit en pensant à Didier qu'elle devrait peut-être un jour laisser

Avez-vous visité les lieux Messire ? J'aimerai vous faire connaitre notre très cher ami Gillas qui possède son atelier dans notre demeure. Venez s'il vous sied, allons voir s'il est présent. Quelques pas au dehors de ce bureau me feront le plus grand bien.

Je répondrai à votre question par un grand oui. Je vais effectivement m’installer à Montargis d’ici peu mais je dois tout d’abord régler certaines choses qui me sont encore assez sombres. Je ne veux pas vous parler de ça maintenant, j’ai encore une trop grande peine en moi. Enfin bref … Oui ! Que voilà une bonne idée, allons voir Maître Gillas. Je ne l’ai croisé qu’une ou deux fois en taverne mais il m’a laissé une très bonne impression.

Ascagne emboîta le pas à Dom et Johan et les suivit.