Retour au domaine et passage en cuisine

La cavalcade dans le domaine avait été des plus réjouissante. Les couloirs s'étaient enchainés avec rapidité, et Dame Manon en avait la tête toute chamboulée. Les rires de Gillas n'y étaient pas étrangers non plus.
Un petit crochet dans la salle d'armes pour y déposer sa masse et sa hache, cérémonieusement, au sein de toutes les autres merveilles, et la cavalcade avait repris de plus belle. C'est en un grand dérapage que Gillas arriva à la porte de la cuisine.

C'est encore humide, iciiiiii... Boum

Emporté par son élan sur les pierres humides, les pieds glissant comme sur de la glace, Gillas s'écrasa dans un bruit sourd contre le cadre de la porte. Il avait quand même réussi à se tourner et ses dans ses bras ouverts qu'il accueillit Dame Manon, tremblante de peur de la fin inattendue de cette course dans le domaine.

Désolé, Dame Manon, je ne m'attendais pas à ce que ca glisse autant ici... Dame Bertille va m'entendre, nous aurions pu nous blesser...

Ces dernières paroles avaient été dites avec un large sourire, et Dame Manon comprit de suite que Gillas ne dirait rien à la cuisinière.

Dame Bertille... Dame Bertille... Mais où êtes vous donc passée ? Encore en arrière cuisine à préparer quelque coquinerie pour mon estomac ?

Gillas rentra dans la cuisine et s'approcha des marmites, qui glougloutaient doucement.

Les bras chargés de frais légumes, essoufflée d'avoir activé son pas, Bertille arriva en cuisine. Déposa son fardeau et regarda d'un oeil ravi Gillas qui était là ébahit de la voir lui sourire. Dame Manon avait tout à fait l'air heureuse et Bertille ne put s'empêcher de ce dire qu'il devait y avoir anguille sous roche entre ces deux là

Bonjour Messire Gillas, v'la bien longtemps que je ne vous avais vu dans le domaine. L'odeur alléchante de mon gigot, vous ouvrirait-elle l'appétit, où bien un petit morceau de tarte vous contentera-t-il ?

Une tisane ou un verre de mon sirop Dame Manon vous ferait-il plaisir ?

Je suis heureuse de voir un peu de vie dans ce domaine, Dame Dom semble s'ennuyer à mourir sans Messire Johan. Il m'a semblé l'entendre parler d'un voyage qu'elle ferait, me voilà bien triste de cette nouvelle. Elle pourra toujours compter sur moi, pour entretenir le domaine durant son absence.

Bertille coupa de grosses parts de tarte, elle connaissait la gourmandise de Gillas, il ne sera pas déçu cette fois-ci encore.

Manon encore un peut essoufflée de la cavalcade dans les couloirs, mais le sourire aux levres, salua Dame Bertille.
Elle avait eut du mal a lacher la main de gillas, mais se resoud a se mettre a ses cotes.

Elle repensa a l arrivee en cuisine et laissa voir un sourire a son visage. Et au bonheur d avoir ete dans ses bras...meme accidentellement.

Manon regarda Gillas et rougit.

Gillas vit arrievr avec ravissement les assiettes de tarte. Dame Bertille, encore une fois, avait été des plus généreuse avec lui. Heureusement qu'il n'était pas son homme, car avec une cuisinière de cette qualité, il deviendrait vite une boule qu'il faudrait pousser dans tout le domaine.
A cette idée et en engouffrant un morceau de tarte, il s'étouffa à moitié. S'escanant de tous ses poumons, il parvint à reprendre son souffle, rouge de l'effort, mais surtout de honte...

Eudes rentra dans la cuisine, peut être attiré par les bonnes odeurs. le regard de Dame Bertille au nouvel arrivant semblait pourtant réprobateur, l'heure du repas n'étant pas toute proche. Mais le jeune homme n'en tint pas compte et se dirigea tout droit vers Gillas.

Messire, ceci vient d'arriver tout juste par un messager. Cela vient de Gien.

Gillas prit le pli, observé de près par les deux femmes de la pièce. Eudes, quand à lui, fit demi tour et repartit de là où il était venu.

Merci, Eudes, pour le message.

Gillas avait lancé son remerciement, ne sachant pas si le jeune homme l'avait entendu, ou si la peur de la louche de Dame Bertille était la plus forte.
Il regarda le plis, cacheté, et reconnu l'écriture légère et le parfum sur l'enveloppe. il s'étouffa une fois de plsu, et reprit son souffle encore plus difficilement que la fois précédente.

Crévindiou, me v'la dans de beaux draps...

Il se ravisa des dames qui étaient à coté de lui, mis la lettre dans sa poche et rattaqua la part de tarte. Il but aussi une lampée de cidre, pour faire passer et la tarte, et le courrier qu'il venait de mettre dans sa poche.

Alors, comme cela, Dame Dom va voyager quelque peu bientot ? Si elle a besoin d'une escorte, dites lui qu'elle peut compter sur moi, comme d'habitude. Les routes sont plus sures de nos jours, mais on ne sait jamais.

Puis, se tournant vers Dame Manon,

Mais je suis le pire des goujats. Je viens juste de rentrer, vous m'avez attendu depuis des jours, et je parle déjà de repartir. Aristote devrait me foudroyer sur place...

Tout penaud, il continua de grignoter sa part de tarte...

Gillas ferma les yeux pour que ce baiser dure une éternité, mais il prit fin trop tot, comme toutes les choses douces à nos coeurs.
Il rouvrit les yeux, et vit Dame Manon s'éloigner. Il souhaita ardemment qu'elle ne se retourne pas, qu'elle ne voit pas son désarroi, l'absence qui le rongeait déjà malgé le fait qu'elle n'ai pas encore passé la porte. Mais la chance n'était pas de son coté en ce jour si triste pour eux.
Sa frèle silhouette se retourna, et son visage, déjà mouillé de larmes, se dévoila à son regard. N'y tenant plus, il se leva en renversant son tabouret, et se précipita sur elle. Il la serra une dernière fois dans ses bras, puis essuya ses larmes d'une main qui se voulait douce. Il caressa de longues secondes ce doux visage, puis déposa sur ses lèvres un long baiser tendre.
Enfin, il relacha son étreinte, et la laissa s'éloigner.

Allez, ma Mie, ma Douce, ce qui vous attend ne doit pas être retardé. Je vous attendrais patiemment, vous qui avez su calmer mon coeur affligé. Et revenez moi en forme dans quatre jours.

Cette fois, ce fut lui qui se retoiurna vers la table, et qui s'y rendit. Mais il ne se retourna pas. Il prit une nouvelle tartine de pain, remplit son verre de cidre, et engloutit, bien que difficilement, ce met confectionné avec tant d'amour par Dame Bertille.

Dom vit le pas pressant de Manon et n'eut pas le temps de l'interpeler qu'elle avait déjà franchis l'escalier. Voulant prendre quelques bonnes choses qu'avait préparée Bertille, elle entra dans la cuisine et y vit Gillas se régalant d'un bon morceau de tarte.

Je peux vous tenir compagnie mon cher ami ? un petit creux m'a fait venir d'urgence dans l'entre de Bertille. Les derniers mots furent dit doucement pour ne pas que Bertille entende ... au cas où.

Comment allez-vous Gillas ? Je suis tellement contente de vous voir, je me suis sentie bien seule au domaine. Johan est parti bien trop longtemps, il est de retour mais son travail à pris du retard et il se fait rare en ce moment. Je compte sortir un peu du duché pour voir un peu ce qu'il se passe ailleurs. Je crois que le domaine ne risque rien si vous y rester, Johan pourra passer quelques soirées avec vous, il sera heureux de votre compagnie.

Servez moi un verre de ce vin si doux à mon palais, s'il vous plait.

Les yeux de Gillas retrouvèrent un peu de joie à l'arrivée de Dame Dom. A sa demande, il lui servit un verre de vin doux, et se resservit un peu de cidre.

Je vais physiquement bien, ma douce amie, mais mon coeur se pleure aujourd'hui. Dame Manon prend quelques jours de retraite chez les Soeurs, et son absence sera bien lourde. A peine a-t-elle commencé à adoucir mon coeur qu'elle doit s'absenter pendant cinq longs jours.
Je sais bien que ce n'est pas de sa faute, qu'elle y est obligée, mais cela ne changera pas la lourdeur de son absence.

Gillas plongea son nez dans son verre de cidre et but lentement quelques gorgées. Son amie respecta le silence, juste troublé par les glougloutement émanant des marmites posées sur les fourneaux.

Il faut juste que je trouve de quoi occuper mon esprit et mes mains. juste cela. Mais vous me dites que vous allez aprtir en voyage ? Vous partez loin ? Vous ne désirez pas que je vous accompagne ? Nous avons tant l'habitude de patrouiller ensemble, cela vous fera de la compagnie et vous serez plus en sécurité.

Gillas tourna un regard presque implorant vers Dame Dom. un voyage lui changerait les idées, mais il ne voulait pas non plus géner son amie. Parfois, ses douleurs de pied pouvaient le clouer au lit pendant deux jours, et ces douleurs arrivaient souvent le samedi et le dimanche.

Mon ami, je comprend votre peine, j'ai eu la même lors de l'absence de Johan, mais vous verrez les cinq jours seront vite passés.

Leur regard se croisa, l'amitié forte entre eux se ressentait. Dom prit la main de Gillas, car la tristesse qu'elle vit dans ses yeux, la bouleversât. Après avoir bu d'une traite son verre de vin, elle s'en servit un deuxième, qu'elle voulut déguster doucement. Un sourire apparut sur son visage, elle eût une idée

Et si nous préparions la chambre de Manon durant son absence ? A son retour elle pourrait trouver logis pour se reposer chez nous ... mon idée vous plait-elle ? Je possède quelques tentures aux couleurs chaudes qui feront l'endroit chaud et reposant. Je n'y manquerai pas d'y mettre ma touche féminine qui plaira à Manon j'en suis sure. Dites oui, que les quelques jours qu'il me reste à passer à Montargis, soit pour votre bonheur mon plus cher ami.

Pour mon voyage je ne peux vous demander de m'accompagner, car je n'ai ni le lieu, ni le temps. Il se peut qu'il soit plus court que je ne le souhaite ou plus long aussi. Et vous rendez-vous compte la peine qu'aurait Manon si vous n'étiez pas là à son retour. Je n'ose imaginer en plus en être la responsable. Mais merci, je sais et n'oublierai jamais que je peux compter sur vous.

Prenez un peu de ce vin doux, il ne tourne point la tête, mais rend les yeux brillants et le bonheur dans le regard.

Les joues de Gillas reprirent une belle teinte, pendant que ses yeux retrouvaient de la joie de vivre. Aider Dame Dom à préparer la chambre de Dame Manon, quelle plus belle occupation pourrait il avoir en ces moments lourds d'attente.

Oui, ma douce amie, je vais vous aider à préparer sa chambre. Nous irons aussi cueillir quelques fleurs pour lui faire une belle surprise à son retour, je suis sur qu'elle sera ravie.

Gillas prit son verre de vin, et le dégusta doucement. Il posa sa main sur celle de Dame Dom et lui sourit.

Dites moi, ma douce amie, quand votre époux reviendra-t-il parmi nous. J'ai hate de le revoir, et surtout, il me plairait bien qu'il m'entraine quelque peu au maniement des armes qu'il m'a fourni. Je suis sur que ca lui changerait les idées. Et puis, ca me permettra peut être de protéger Dame Manon en cas de nouveau souci à la boutique, ce que je ne souhaite pas bien sur.

J'espère qu'il sera bientôt disponible Johan pour jouer avec vous, quelques maniements d'épée ne lui feront pas de mal. En attendant venez Gillas, allons voir la chambre que je réserve pour Manon.